Débuter avec les plantes sauvages
- Générations Nature

- 9 sept.
- 4 min de lecture
Débuter avec les plantes sauvages

Fleur d'onagre
Même si l'herboristerie est outrageusement et abusivement réglementée en France, rien n'interdit de s'instruire et c'est tant mieux. Depuis quelques années nous sommes de plus en plus nombreux à être curieux du monde végétal, et bien que l'utilisation des plantes sauvages, comestibles et/ou médicinales, ne soit pas sans risque (comme tout en fait!), c'est une source précieuse d'émerveillement et de reconnexion. J'ai déjà partagé ici quelques articles sur les plantes, et je vous propose de voir ensemble comment mettre un peu plus de structure dans la découverte de ce qu'on appelle encore « les simples ».
Aujourd'hui je vous partage une première base pour débuter avec les plantes sauvages : les craintes que l'on peut avoir et les règles de collecte, et comment y faire face. Attention, selon où vous vivez ces précautions sont aussi valables pour les plantes récoltées au jardin (attention aux chiens, chats, rongeurs, renards de passage, qui peuvent être vecteurs de maladies ...).
Les craintes couramment exprimées :
la crainte de cueillir des plantes toxiques
Pour beaucoup de personnes, le monde végétal demeure une source de craintes lorsqu'il s'agit de se nourrir et se soigner de manière autonome. Au premier rang de ces craintes figure la peur de s'intoxiquer. Nous avons tous entendu parler de la ciguë ou de l'amanite phalloïde ! Alors oui, certaines plantes sont toxiques mais pas toutes, et on distingue différents degrés de toxicité :
> un degré élevé : associé à un risque élevé de mortalité. C'est le cas des ciguës, de l’œnanthe safranée, du laurier rose, de la digitale ou encore de l'aconit. La dose mortelle varie de quelques grammes à quelques dizaines de grammes, et dépend aussi des parties de la plante ingérées. Dans tous les cas la seule conduite à tenir est de contacter en urgence le centre anti-poison, et d'avoir au moins une description précise de la plante ou mieux sa photo.
> un degré moyen : cette fois la toxicité est liée à un risque d'irritation soit des muqueuses (ex : euphorbes et renoncules), soit la peau (ex : berce du caucase, millepertuis ou encore la clématite, avec des modalités d'action différentes)
> un degré faible : la toxicité se manifestera ici si la plante est consommée en grande quantité (soit une ingestion excessive soit une consommation à fréquence trop répétée). C'est le cas des plantes riches en acide oxalique comme par exemple le chénopode blanc, l'oxalis ou encore l'oseille, qui peut entraîner la formation de calculs rénaux.
la peur des plantes contaminées :
Eh oui, nous partageons la Terre et ce que nous appelons la nature avec d'autres espèces animales ! Le renard peut ainsi transmettre dans ses crottes un parasite responsable de l'écchinococose (30 cas d'infection par an en France), une maladie grave qui affecte le foie et qui se développe de manière asymptomatique sur de très longues périodes. Cueillir à distance des excréments et en hauteur permet de s'en prémunir.
La douve du foie (quelques centaines de cas par an en France) quant à elle se transmet par les ruminants (domestiques ou sauvages) et se développe beaucoup plus vite avec des symptômes (douleurs abdominales, fièvre) dans les 3 mois après l'ingestion des plantes contaminées (attention au cresson des fontaines) ou d'eau souillée.
Dans les milieux plutôt humides (le risque est alors surtout lié aux loisirs en eau douce) c'est la présence d'une bactérie présente dans l'urine ou de l'eau souillée par les déjections de certains animaux (rongeurs, bovins, chiens) qui est responsable de la leptospirose, infection qui se manifeste en quelques jours. Souvent bénigne elle peut cependant donner des formes graves.
D'autres bactéries peuvent aussi se trouver sur le chemin des cueilleurs de plantes : salmonelles, listeria.
la peur des tiques :
Sans minimiser les craintes évoquées ci-dessus, il est plus fréquent de rencontrer ces bestioles lors de nos sorties en nature. Je ne compte plus le nombre de fois où je suis rentrée chez moi « accompagnée », et franchement, même si « la vie est précieuse sous toutes ses formes », j'ai mes limites et les tiques ne sont pas mes copines :-) J'ai déjà consacré un article entier aux maladies vectorielles à tiques dans une précédente newsletter (article de juin 2021, disponible sur demande). Leur morsure peut entraîner des infections dont la borréliose responsable de la maladie de Lyme, qui peut être très invalidante. La meilleure façon de s'en prémunir est de sortir couvert, et si toutefois vous vous faites mordre il vous faudra ôter la bête rapidement et correctement : sans l'asperger d'un quelconque produit mais avec la pince dédiée – le tire-tique., et surveiller dans les 3 semaines qui suivent l'éventuelle apparition de cercle rouge (érythème migrant) qui nécessitera un traitement antibiotique. Un bon réflexe est de nettoyer régulièrement (toutes les deux heures) le point de morsure, après avoir retiré la tique, avec de l'huile essentielle de Tee Trea.
la crainte de dégrader des écosystèmes :
Signe d'une attitude responsable, cette crainte conduit à apprendre et à maîtriser les règles de cueillette avant de se lancer. Vous aimeriez en savoir plus sur ces règles, je vous dis tout prochainement dans un prochain article.
Si vous cueillez déjà, voici un résumé des règles à appliquer pour éviter les contaminations par les p'tites bêtes :
- Éviter les lieux à risques (cours d’eau, bords de chemins, pâturages…).
- Cueillir à plus de 50 cm de hauteur ou des jeunes pousses tout juste sorties de terre.
- Laver les récoltes soigneusement et/ou les cuire au moindre doute (1 min à 100°C, 5 min à 80°C ou 10 min à 60°C, mais parfois plus pour certains germes tels que Bacillus cereus)
- Le séchage ou la congélation permettent aussi d'éviter ces problèmes
- Adopter une bonne hygiène des mains et des ustensiles de cuisine.
- Pour les tiques plus particulièrement, se protéger des morsures en exposant sa peau le moins possible (porter des vêtement longs et couvrants, un chapeau et fermer les ouvertures (mettre son t-shirt dans le pantalon, ses chaussettes par dessus le pantalon…)) et procéder à une inspection complète et minutieuse de votre corps au retour de balade.
Et en cas de doute, signalez toujours à votre médecin que vous cueillez et consommez des plantes sauvages, cela peut l'aider à évaluer de certains symptômes.





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