Alimentation et histoire de l'humanité
- Générations Nature

- 11 sept.
- 3 min de lecture
Il y a quelques temps je vous ai partagé un premier aperçu du livre de Mark Bittman, « L'histoire aberrante de l'alimentation, 10000 ans d'impacts sur la santé et l'environnement. »
Les premiers constats n'étaient déjà pas très réjouissants, je vous avoue que la suite est encore pire … Heureusement, l'auteur a pris soin de terminer son ouvrage en présentant des exemples positifs (comme le Shokuiko que j'évoque dans ma dernière newsletter), cela permet de refermer le livre avec quelques notes d'espoir.

Mais entre temps, impossible de passer sous silence le schéma qui a conduit les anciennes civilisations (dans l'Antiquité) à leur développement fulgurant puis leur extinction misérable, dont voici un court résumé : sédentarité, exploitation des sols pour cultiver sans régénérer suffisamment (voire pas du tout), travaux d'envergure pour irriguer les terres, augmentation de la population, naissance d'une organisation sociale pour piloter la gestion de ces développements, apparition des inégalités, création de l'argent, course au « toujours plus », érosion des sols, baisse de la production, famines répétées, et disparition.
La période du Moyen-âge, a quelques variations, montre des trajectoires similaires, puis nous voilà à l'ère industrielle. Cette fois c'est la technologie – la technique associée à la science – qui a servi de réponse miraculeuse : faire manger l'humanité des produits à bas prix, qui offrent un plaisir gustatif immédiat, et une source de profit colossale pour les fabricants. Peu importe si nous devenons malades, nous pouvons manger sans nous fatiguer à arpenter la forêt ou à cultiver la terre pour trouver notre pitance.
C'est comme si nous, êtres humains, étions programmés pour faire les choix privilégiant le confort immédiat, plutôt que des choix nécessitant (un peu) des efforts pour une meilleure santé plus longtemps. La course au plaisir immédiat, peu importe les conséquences, de toutes façons nous allons tous mourir un jour... Et à l'échelle de la planète j'ai comme l'impression que la Terre se débarrasse des espèces qui se développent vite et au détriment des autres.
Alors que faire ? Nous savons qu'il faut tout changer, nos modes de production, nos modes d'organisation, l'éducation des enfants et des adultes conscients de cette nécessité de changement de cap, la tâche semble impossible et moi aussi parfois je me suis dis « à quoi bon ? ». Alors je songe au miracle de la vie, à cette force indéfinissable qui fait que chaque jour, à chaque printemps, tout redevient source d'émerveillement. Et c'est peut-être là que se trouve une partie des réponses : au lieu de courir après ce qu'on n'a pas, s'émerveiller de tout ce qu'on a déjà...
J'ai aimé ce livre, même si sa lecture est rendue ardue par le foisonnement de détails. Je l'ai apprécié parce qu'il traite d'une question essentielle – notre alimentation – en l'abordant sous tous les angles, de manière « holistique ». Et c'est justement ce point qui est crucial, comme en santé, aborder une problématique en étudiant tous ses liens, toute sa complexité. Pour mieux montrer que manger n'est pas qu'un acte banal du quotidien. C'est un acte engageant pour soi, à l'échelle individuelle, pour être pleinement responsable de sa santé (et c'est loin d'être facile, tant les industriels de l'agro-alimentaire nous manipulent). C'est un acte engageant pour d'autres, celles et ceux qui produisent nos aliments, celles et ceux avec qui nous partageons nos repas. Et c'est un acte engageant pour la vie, celle de nos sols, celles de nos écosystèmes, celles des générations futures.
Pour conclure, voici le dernier paragraphe du livre de Marc Bittman : « Nous mangeons tous. Assurer la nourriture dont nous avons besoin pour subsister et prospérer est l'occupation humaine la plus essentielle et la plus importante. Ce que nous faisons pour y parvenir définit notre présent et détermine notre avenir. »





Commentaires