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Le Tussilage : Tussilago farfara

Je poursuis ma présentation du voisinage ;-) quelle explosion de couleurs en ce moment ! bleuet, chélidoine, grande alliaire, lierre terrestre ... mais patience, je vous les présenterai bientôt. Aujourd'hui, je vous parle du tussilage !

Chou de vigne, Fils-avant-le-père, Herbe aux pattes, Herbe de saint Quirin, Pas-d'âne, Pas-de-cheval, Pied-de-cheval, Taconnet, Tussilage, Tussilage pas-d'âne ... Le moins qu'on puisse dire c'est que l'Homme ne manque pas d'imagination pour nommer cette petite plante n'ayant en même temps que des fleurs ou que des feuilles, et qui peut former d'importantes colonies.

Je la vois le plus souvent surgir le long des chemins, émergeant des tapis de feuilles de l'automne dernier. Sa fleur jaune peut faire penser à un pissenlit (incontournable voisine, je vous en parlerai bientôt), elle fait partie de la même famille, mais la confusion n'est pas possible tant son feuillage est différent.


Description


Elle appartient à la famille botanique des Astéracées (famille nombreuse qui réunit plus de 20000 espèces parmi lesquelles on va trouver le pissenlit, l'artichaut, la marguerite ou encore l'edelweiss). C'est une plante vivace, qui doit ses petits noms à la forme de sa feuille - celle-ci pouvant faire penser à la forme d'un pas d'âne.



Filius ante patrem

A la sortie de l'hiver, les tiges se dressent et atteignent 8 à 20 cm ; elles ne sont pas ramifiées, de couleur rougeâtre, et présentent des écailles charnues. Chaque tige porte un seul capitule jaune vif et la floraison va s'étendre de février à mai. Plus tard dans la saison les feuilles sortiront directement du sol ("le fils avant le père). Vert clair sur le dessus, blanchâtres et cotonneuses sur le dessous, leur consistance "caoutchouteuse peut s'avérer utile pour les randonneurs pour remplacer ces affreux mouchoirs blancs que certain.e.s osent encore laisser traîner ça et là comme mouchoirs ou papier toilette usagers ... En début de saison on peut les confondre avec les feuilles de pétasite ou d'adénostyle que les enfants aiment utiliser pour se faire des chapeaux ;-)

Les principaux principes actifs du tussilage sont des alcaloïdes pyrrolizidiniques (senkirkine, tussilagine et isotussilagine), du mucilage acide, des tanins, des flavonoïdes, caroténoïdes, triterpènes, ainsi qu'un ester sesquiterpénique, la tussilagone, présent dans le bouton floral et qui donne au tussilage ses propriétés antitussives : "le tussilage soulage la toux". La plante contient aussi de la vitamine C et des sels minéraux.


Usages

Culinaire :

Le tussilage peut être utilisé en cuisine, sa fleur a une agréable saveur aromatique, et les très jeunes feuilles se mangent crues, leur pétiole est très juteux. Plus vieilles il faudra les faire cuire très longtemps pour enlever l'aspect caoutchouc. Les cendres obtenues en faisant sécher puis brûler les feuilles étaient utilisées comme sel (pauvre en sodium et riche en potassium) par les Indiens d'Amérique du Nord. Son usage comme tabac, mélangé avec le l'aspérule odorante (goût vanillé) est également mentionné. "Pendant la guerre, il n'y avait rien à fumer. Alors mon oncle instituteur fumait des feuilles de tussilage. Je me souviens de l'odeur qui ne sentait pas bon." témoignage recueilli dans l'ouvrage d'ethnobotanique Cueillettes de mémoires, histoires d'hommes et de plantes en Bauges et Chartreuse.


Médicinal:

L'usage du tussilage comme plante médicinale est très ancien. Discoride, médecin du Ier siècle recommandait les feuilles pilées pour soigner l'érysipèle (infection de la peau), et la fumée (libérée en brûlant les feuilles séchées) pour calmer la toux. Fumer ce tabac fut longtemps prescrit par les médecins en cas d'asthme et de corysa (rhinite). La médecine chinoise, en plus de ses propriétés expectorantes et antitussives, souligne les effets du tussilage sur le qi (traite les mauvaises influences).

Aujourd'hui on utilise le tussilage essentiellement en cas de toux (le mucilage apaise le réflexe de toux), avec de meilleurs résultats que ceux observés avec la codéine. On parle ici des toux sèches, allergiques ou chroniques (BPCO ou toux du fumeur). On le prépare sous forme de sirop, ou plus simplement d'infusion de fleurs. La teinture mère est souvent citée mais dans ce cas on ne récupère pas tous les mucilages, et en plus l'alcool utilisé pour préparer la teinture extrait davantage d'alcaloïdes - hors ceux-ci sont toxiques (voir ci-dessous).

Les cataplasmes de feuilles, avec du miel, peuvent être utilisées en cutané pour soigner les petites plaies et les furoncles.


! Attention !

La plupart des alcaloïdes pyrroliziniques sont hépatotoxiques - toxiques pour le foie - et mutagènes - induit des modifications des gènes - et que les plus toxiques d'entre eux sont les diesters macrocycliques. C'est le cas de la senkirkine du tussilage. Il n'y a pas d'études chez l'homme, mais des chercheurs ont montré que des rats nourris à forte dose de fleurs de tussilage développaient un cancer du foie, d'où la recommandation de ne pas faire un usage régulier de cette plante. Ceci étant posé, je ne peux m'empêcher de souligner ici que à haute dose le sucre est aussi toxique que la cocaïne ;-) Notons que cela concerne les fleurs si elles sont consommées crues; les alcaloïdes n'étant pas solubles dans l'eau les infusions ne poseraient pas ce problème. A éviter chez les femmes enceintes ou allaitantes, les jeunes enfants, ainsi que chez les personnes présentant une pathologie du foie.


La recette du sirop de tussilage

Prévoir la même quantité de sucre que d'eau, donc pour 1l d'eau il faudra 1kg de sucre bio complet. Mais sauf si vous êtes herboriste, inutile de préparer 1 l de sirop ;-)

250 g de fleurs fraîches par litre d’eau. Porter à ébullition puis éteindre le feu et laisser infuser 8 à 10 heures. Filtrer et réchauffer l’infusion en ajoutant 1kg de sucre, et cuire doucement jusqu’à l’obtention du sirop. Verser dans une bouteille en verre préalablement stérilisée. A conserver au frigo 1 an maxi.


**Rappel**

Si vous vous lancez dans la cueillette de plantes sauvages, je vous invite à le faire avec humilité et surtout dans les règles de l'art en faisant attention non seulement à vous (en prenant connaissance des risques de maladies possibles et les précautions à prendre) mais aussi au biotope que vous fréquenterez : les plantes ne sont pas des générations spontanées, elles ne poussent pas non plus uniquement pour nous servir.

Enfin, méfiez-vous de l'auto-médication. Utiliser les plantes (et d'autres approches naturelles) ne signifie pas s'abstenir de toute consultation médicale. Et pour les posologies, les formulations, demandez conseil à un praticien avisé (herbaliste, naturopathe, phytothérapeute,)



Sources :

wikiphyto.org

altheaprovence.com

Les plantes sauvages comestibles et toxiques, F. Couplan & E. Styner

wikipedia.org

Cueillettes de mémoires, histoires d'hommes et de plantes en Bauges et Chartreuse, Jardin du monde, Montagnes


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