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10 000 ans d'impacts sur la santé et l'environnement

L'histoire aberrante de l'alimentation



photo Pixabay
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J'évoque (très) souvent les bienfaits de la pratique du jeûne, mais impossible pour moi de ne pas parler d'alimentation. C'est LE sujet de tout bon naturopathe, et c'est aussi un de mes thèmes de prédilection car je suis à la fois gourmande, que j'aime cuisiner … et que je réfléchis beaucoup, notamment aux causes et aux conséquences. Réflexions qui entraînent des recherches, recherches qui m'ont menée cette fois à un livre d'histoire, mais une histoire bien particulière, celle de notre alimentation et de ses impacts sur notre santé et de celle du monde. Rien que ça !

A une époque où il est de plus en plus question de « santé globale » (« One Health »), un autre de mes sujets préférés, ce livre méritait d'être étudié.

Je vous partage ici les principales notions, et vous laisse poursuivre la lecture si vous voulez aller plus loin : L'histoire aberrante de l'alimentation, 10000 ans d'impacts sur la santé et l'environnement de Mark Bittman.



photo cfm radio
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10000 ans c'est long, le livre est dense, et il y aura donc plusieurs épisodes !


Episode 1 : Boucle de rétroaction Alimentation – Cerveau


Il s'agit ici de s'arrêter sur plusieurs étapes importantes de notre évolution. D'abord la verticalisation, et ses conséquences. La position debout a permis à nos ancêtres d'aller explorer de nouveaux territoires et ainsi de nouveaux aliments. Plus de variété alimentaire, donc une plus grande variété de nutriments, donc une meilleure santé (ça c'est toujours valable aujourd'hui!), et un meilleur développement, en particulier du cerveau.

La taille du cerveau des premiers hominidès augmente alors, en parallèle leurs pouces s'assouplissent (pas pour scroller), permettant progressivement la création et l'utilisation d'outils. Ces outils ont permis de mieux chasser et de mieux récolter de la nourriture.

Puis l'humain apprend que des aliments (des bulbes, des grains) qu'il avait caché dans le sol peuvent se multiplier, qu'il peut aussi faire grandir et garder des animaux près de lui, que le feu qui prend naissance par le ciel peut être dompter, permettant de varier encore davantage son alimentation. Peu à peu, sur des milliers d'années, son cerveau continue de bénéficier de l'amélioration de son alimentation, les conditions de vie s'améliorent aussi, ce qui contribue encore au développement du cerveau, qui conçoit des outils de plus en plus performants, et des modes de survie de plus en plus statiques : c'est la mise en place progressive d'une vie semi-nomade, puis sédentaire, autour des premières formes d'agriculture.


Dans son enquête, Mark Bittman partage les hypothèses les plus communément admises (c'est en effet compliqué de prouver des faits qui se sont déroulés il y a des milliers voire des millions d'années !), et présente ainsi les liens entre sédentarité, inégalités sociales, destruction des ressources naturelles, et ... patriarcat. Comment tout ceci peut être lié ?

La sédentarisation a pu se faire en exploitant les sols, et les animaux aussi. Toutes les communautés mangeaient à leur faim, favorisant ainsi une augmentation de la population. Mais plus de bouches à nourrir dit plus de besoins, donc on produit davantage et pour y parvenir des infrastructures vont devoir être mises en place, en particulier pour l'irrigation des terres. Les cultivateurs ne pouvant pas à la fois produire (pour nourrir leur famille et la population), et construire de nouvelles installations, des nouvelles activités sont apparues et donc de nouveaux métiers : des agriculteurs pour assurer la production de nourriture, des ouvriers pour assurer le développement des exploitations, et d'autres pour coordonner tout ça.

Mais à un moment la machine se dérègle... De nombreux experts s'accordent à dire que "l'égalitarisme au sein des groupes sociaux commence à se fissurer lorsque le nombre d'individus atteints cinq cents."

(nb : en lisant cela, ça m'a fait penser à notre démocratie actuelle, son pouvoir centralisé au détriment des actions locales des communes, comment pouvons nous réellement faire société à 68 millions d'individus ??)

Donc il y aurait une taille critique, au delà de laquelle les organisations humaines sédentaires s'autodégradent petit à petit : il faut exploiter davantage les sols pour produire des aliments, élever des animaux, extraire des minéraux pour faire des outils plus performants qui permettront d'exploiter encore plus, et ainsi de suite jusqu'à ce que les sols s'érodent (il faut du temps et du soin pour reconstituer un sol vivant), contraignant à aller à la conquête de nouveaux territoires avec son lot de guerres et de colonisation : c'est le début de l'esclavage - encore de nouvelles inégalités sociales, qui en plus se sont transmises de générations en générations, ceux qui naissaient de parents esclaves étant alors esclaves à leur tour.

Autre impact, le développement des outils pour travailler la terre a entraîner une répartition nette du travail selon le genre : les hommes au champ (car plus forts pour manipuler des outils comme la charrue) et les femmes à la maison pour s’occuper du reste. C'est pour certains les racines du patriarcat.

La sédentarisation a aussi pu être à l'origine des échanges, du troc, qui se sont progressivement développés entre les villages, puis les villes, puis les pays et au delà, imposant le développement de chemins, de routes, modifiant ainsi encore davantage les territoires.


A ce stade, je me dis que depuis très longtemps, dans nos origines communes, nos rôles se sont peu à peu dilués ; de membre d'une communauté dans laquelle nous pouvions exercer pleinement nos talents et contribuer à la vie du groupe, nous sommes devenus des individus anonymes, immatriculés par des structures étatiques, au service d'on ne sait plus vraiment quoi. Réfléchir au passé, même très lointain, chercher à démêler cette gigantesque pelote de liens diffus créés par nos ancêtres, en partant de ce thème de l'alimentation, me permet déjà de sentir une forme d'ancrage, de commencer à capturer une infime partie de ce qui fait la personne que je suis aujourd'hui, et de mieux comprendre ce sentiment bizarre qui m'est venu en découvrant l'existence et les modes de vie des peuples premiers : d'avoir la nostalgie de ce que je n'ai pas connu. La sédentarisation comme le début de la déchirure de la toile du vivant ?



La suite au prochain épisode ;-)





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